La convention Aeras, signée en 2007, vise à faciliter l’accès au crédit et à l’assurance pour les personnes présentant un risque de santé aggravé. Les institutions financières ont un rôle important à jouer dans la mise en œuvre de cette convention, qui leur impose diverses obligations légales. Cet article se propose d’examiner ces obligations et leurs implications pour les établissements concernés.
Les principes de la convention Aeras
La convention Aeras (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) est le fruit d’une collaboration entre les pouvoirs publics, les fédérations professionnelles du secteur financier et les associations représentant les personnes malades ou handicapées. Elle a pour objectif de garantir une meilleure prise en compte des problèmes de santé dans l’accès au crédit et à l’assurance, tout en assurant une protection maximale des données médicales des emprunteurs.
La convention repose sur plusieurs principes clés :
- L’égalité des chances : l’Aeras vise à réduire les discriminations liées à l’état de santé dans l’accès au crédit et à l’assurance. Les institutions financières doivent ainsi examiner chaque demande individuellement et proposer des solutions adaptées aux besoins spécifiques des personnes concernées.
- Le droit à l’oubli : la convention prévoit que certaines pathologies sont considérées comme guéries après un certain délai, au-delà duquel elles ne doivent plus être prises en compte dans l’évaluation du risque. Ce principe permet aux personnes ayant souffert d’une maladie grave de retrouver une vie normale et d’accéder plus facilement au crédit.
- La confidentialité des données médicales : les informations relatives à la santé des emprunteurs doivent être traitées avec le plus grand soin et ne peuvent être divulguées qu’aux personnes habilitées à les connaître. Les établissements financiers sont tenus de respecter des règles strictes en matière de protection des données personnelles.
Les obligations des institutions financières
En vertu de la convention Aeras, les institutions financières ont plusieurs obligations légales à respecter :
- L’examen systématique des demandes de crédit et d’assurance : quel que soit l’état de santé de l’emprunteur, les établissements financiers doivent examiner chaque demande et proposer une solution adaptée. Lorsqu’un risque aggravé est identifié, ils peuvent solliciter un examen par un médecin-conseil ou une expertise médicale.
- La proposition d’une assurance emprunteur adaptée : lorsque le risque aggravé est confirmé, les institutions financières doivent proposer une assurance emprunteur prenant en compte ce risque. Cela peut se traduire par une majoration de la prime d’assurance, une exclusion de garantie ou un plafonnement des indemnités.
- La mise en place d’un dispositif de médiation : les établissements financiers sont tenus de mettre en place un dispositif de médiation permettant aux emprunteurs de contester une décision qui leur semble injuste ou discriminatoire. La médiation est gratuite et confidentielle, et doit être réalisée par un organisme indépendant.
- Le respect du droit à l’oubli : les institutions financières doivent appliquer les dispositions prévues par la convention en matière de droit à l’oubli. Elles ne peuvent pas refuser un crédit ou une assurance sur la base d’une pathologie considérée comme guérie depuis un certain délai.
- La protection des données médicales : les établissements financiers doivent mettre en œuvre des mesures de sécurité pour garantir la confidentialité des informations médicales des emprunteurs. Ces données ne peuvent être utilisées que dans le cadre de l’évaluation du risque et ne peuvent être communiquées à des tiers sans l’accord de l’emprunteur.
Les conséquences pour les institutions financières
Les obligations légales imposées par la convention Aeras ont des implications importantes pour les institutions financières. Elles doivent adapter leurs procédures internes pour prendre en compte les spécificités liées aux risques aggravés de santé, ce qui peut impliquer des coûts supplémentaires (formation du personnel, mise en place d’un dispositif de médiation, etc.). Les établissements peuvent également voir leur responsabilité engagée en cas de manquement à leurs obligations.
Toutefois, la convention Aeras présente aussi des avantages pour les institutions financières. En favorisant l’accès au crédit et à l’assurance pour les personnes présentant un risque aggravé de santé, elle élargit le marché potentiel des emprunteurs et contribue à améliorer l’image de ces établissements auprès du grand public. La mise en œuvre de la convention constitue donc un enjeu majeur pour le secteur financier, qui doit concilier impératifs légaux et intérêts économiques.
En résumé, la convention Aeras impose aux institutions financières des obligations légales visant à faciliter l’accès au crédit et à l’assurance pour les personnes présentant un risque aggravé de santé. Ces obligations concernent notamment l’examen systématique des demandes, la proposition d’une assurance emprunteur adaptée, le respect du droit à l’oubli et la protection des données médicales. Les établissements financiers doivent prendre en compte ces contraintes dans leur fonctionnement quotidien, tout en tirant parti des opportunités offertes par la convention pour développer leur activité.
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